Sur deux jours, j’ai parcouru les deux péninsules à l’ouest et au sud de l’Angleterre : le péninsule de Penwith et celle du Lézard. Beaucoup de balades, criques cachées et langues rocheuses pendant ces 48 heures !

Je suis entrée dans la péninsule par Saint Ives, qui semble très jolie mais que je n’ai malheureusement pas pu visiter en raison de la foule. J’ai donc temporairement quitté la civilisation, en commençant par me rendre à Carn Galver Mine. Cette mine d’étain était très active au milieu du XIXème siècle, comme plusieurs autres dans la région. Cent personnes y travaillaient au plus fort de son activité. Une pompe, que l’on voit encore, permettait de retirer l’eau des niveaux inférieurs de la mine. Un treuil remontait ensuite le minerai qui était écrasé et trié un peu plus loin, à Bosigran Stamps.






En continuant sur un sentier se dirigeant vers la falaise, on se retrouve à Bosigran Castle, un site néolitique qui servait, plus récemment, de terrain d’entraînement aux Marines pendant la Seconde Guerre Mondiale. De là, on a une belle vue sur la côte. La mer était d’un vert turquoise incroyable ce jour-là.


En restant dans les lieux préhistoriques, on peut trouver quelques kilomètres plus loin le rocher de Mên-al-Tol, un site sacré de l’âge de Bronze comprenant trois pierres droites et une roche ronde percée. On ignore si les pierres dressées formaient autrefois un cercle entourant la pierre trouée, ou s’il s’agissait d’une chambre funéraire. Il est possible que le site ait été associé à des rites de soin ou de fertilité.




Un petit détour par le phare de Pendeen…

Et je me retrouve au Cape Cornwall…


Puis à Land’s End ! Ce dernier est la pointe la plus à l’ouest de l’Angleterre, prolongée par les rochers Longships à deux kilomètres au large. Dans la légende arthurienne, ces îlots rocheux formaient la demeure de Tristan (et Iseult) avant qu’ils ne disparaissent sous les flots à la suite de sa mort. Je ne suis pas allée directement à Land’s End, transformé en sites ultra-touristique (et cher d’accès) mais à Sennen Cove, un village proche qui jouit d’une vue parfaite sur le bout de la péninsule. Après avoir escaladé quelques rochers pour prendre des photos, je me suis réfugiée dans la voiture pour échapper au déluge qui s’est soudainement abattu sur Sennen dans la soirée !





***
Le lendemain matin, j’ai été réveillée par un beau lever de soleil qui contrebalançait bien la pluie de la veille. Revigorée par une bonne nuit de sommeil, je suis partie longer la côte de Porthcurno à Porthgwarra ; une des plus belles portions du South West Coast Path que j’ai vue durant mon voyage. Le soleil illuminait différentes parties du chemin devant moi, au fil des nuages et de son ascension dans le ciel. Le rouge des fougères se mêlait aux ajoncs verts et jaunes, aux rochers blancs et à la terre ocre. Comme le vent forcissait, les premières vagues se formaient au large et venaient s’écraser sur les falaises et les plages de galets en contrebas. Le sentier serpentait de collines en criques, parfois parfaitement plat sur la lande, parfois disparaissant à demi dans les énormes rochers posés au bord de l’à-pic. J’ai même pu apercevoir des phoques ! Et au terme de ma balade, sur la plage de Porthgwarra, le chemin passait dans un tunnel menant droit à la mer. Ce tunnel avait été taillé par les mineurs d’étain pour pouvoir accéder plus facilement à la plage avec un charriot. Magnifique.









Au retour, je suis passée par Porthcurno, réputé pour son amphithéâtre marin où sont jouées chaque année plusieurs pièces de Shakespeare. Je les ai ratées de quelques jours… Mais j’ai au moins pu voir le cercle de pierres des Merry Maiden, 19 mégalithes néolitiques formant un cercle de 24m de diamètre. D’après la légende, il s’agirait de 19 jeunes filles (maiden) changées en rocs car elles auraient dansé un dimanche. On ne rigole pas avec la religion en Cornouailles…

En continuant mon tour de la péninsule, je suis arrivée à Mousehole (le Trou de Souris), un autre adorable village de pêcheurs niché dans la baie du Mont.




Et ce fameux Mont qui a donné son nom à la baie, ce n’est autre que le Saint Michael’s Mount, le Mont St Michel anglais ! Fondé par les moines bénédictins de son homologue français au XIIème siécle, l’îlot, son château et sa chapelle sont accessibles six heures par jour à marée basse.


Pour la petite histoire, Saint Michael était à l’origine habité par le géant Cormoran. Celui-ci construisit l’île pierre par pierre, aidé de sa femme Cormelian. Il se nourrissait des habitants du coin, tuant sans discernement hommes, femmes ou enfants. Sa femme fut accidentellement tuée par un géant voisin qui lança son marteau à Cormoran pour le dépanner ; le marteau aterrit malencontreusement sur Cormelian – oups. Excédés par les habitudes culinaires de Cormoran, les autorités locales firent appel à Jack – tantôt paysan local, tantôt chevalier d’Arthur selon les histoires – pour s’en débarasser. Jack creusa un trou où le géant tomba et l’acheva d’un coup de pioche. Il massacra plusieurs autres géants de Cornouailles par la suite, gagnant ainsi le surnom de Jack le tueur de géants. Le lien entre Cornouailles et géants est par ailleurs très fort car le nom même de la région vient de Corineus, un Troyen ayant survécu à la guerre contre les Grecs pour voyager en France et en Angleterre. S’installant finalement dans le sud-ouest du pays, il dut tuer plusieurs géants avant de revendiquer le territoire, le nommant d’après lui !



Saint Michael’s Mount était ma dernière escale sur la péninsule de Penwith avant de me diriger vers la péninsule du Lézard (Lizard Peninsula). Celle-ci forme la pointe sud du Royaume-Uni. Lizard viendrait en fait de Lys Ardh, la Haute Court. Ses côtes sont particulièrement dangereuses et ont été témoins de nombreux naufrages, comme celui du Royal Ann Galley (1721 – 182 morts), le Dispatch (1809 – 104 morts), le SS Mohegan (1898 – 106 morts)…


De là, je me suis rendue à Kynance Cove, une belle anse populaire depuis l’ère victorienne, notamment auprès de la reine Victoria et du poète Tennyson. La plage s’organise entre les falaises et plusieurs îlots rocheux assez énormes. Une cascade la coupe en deux. C’est un endroit où l’on pourrait facilement passer des heures. Un café installé là l’a d’ailleurs bien compris ! Malheureusement, la pluie qui s’annonce à nouveau m’oblige à repartir.





Avant de quitter la péninsule, je passe à Church Cove, une minuscule crique dissimulée au bout d’une longue route étroite. Les couleurs du soleil couchant se reflètent dans la mer, ondulant du bleu sombre au violet.




Un peu plus loin, je profite des dernières minutes de jour pour visiter rapidement Cadgwith, village aux maisons blanches et aux toits de chaume qui donne sur un petit port. Des pirates y vivaient apparemment autrefois et on peut encore voir quelques-unes des cabanes où ils cachaient leurs trésors…



Enfin, j’atteins Lizard Point au coucher du soleil, juste à temps pour voir l’horizon se couvrir d’or. Encore une belle journée !


A suivre : Falmouth et la Cornouailles de Daphne du Maurier…

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