Quand j’ai vu le sujet proposé par Eva de FrenchyNippon, j’ai d’abord été interloquée. Il y a deux mois, nous parlions de relations sociales, de notre place dans la communauté de notre nouveau pays. Alors un tout nouvel article sur l’intégration à présent ? Que raconter de neuf ?
Parce que j’avais envie d’écrire, ce mois-ci, je me suis néanmoins forcée à tout arrêter et à me poser la question: suis-je intégrée en Angleterre ?
C’est une question intéressante en fait.
– Avertissement: cet article risque d’etre aussi confus à lire qu’il l’est dans ma tête –
Je ne suis en Angleterre que depuis deux ans et demi, ce qui est somme toute une durée relativement courte. De plus, j’ai déménagé récemment, ce qui voulait dire recommencer une partie de mon « intégration » dans ma nouvelle ville. Si je m’interroge sur ma situation immédiate, je ne suis donc pas certaine d’etre vraiment assimilée.
D’abord, je suis Française. Sachant cela, pourrais-je jamais m’intégrer complètement dans un pays qui parle une langue étrangère (pour moi) et possède une culture différente de de la mienne ? Il y aura toujours un mot, une blague, un accent que je ne comprendrai pas, une référence qui m’échappera. Cela dit, tous ceux que j’ai rencontrés en Angleterre m’ont acceptée avec mes ‘étrangetés’ (littéralement) et les incompréhension potentielles de part et d’autre ne m’ont pas empechée de me lier d’amitié avec des Anglais. Et puis en France aussi, on peut se retrouver confronter a cela.
Mais une chose impossible à ignorer en ce moment, car on en entend parler en boucle à la radio, c’est le Brexit. Et en tant qu’étrangère, cela veut dire que mes conditions de vie ici pourraient changer radicalement dans quelques mois. Ou pas. Personne ne sait vraiment. Et comme il est peu probable que le Royaume-Uni coupe totalement les liens avec son plus proche voisin, ou même avec tous les pays européens qui comptent des expatriés ici (pres de 4 millions, soit 6% de la population), en pratique, le plus gros changement sera sans doute d’ordre administratif.
S’il y a peut-être un domaine dans lequel ma nationalité entre vraiment en jeu (en dehors du fait que je me sois mise à acheter compulsivement du fromage au supermarché), c’est que j’ai pris la (mauvaise ?) habitude de me rapprocher des autres Français(es) qui vivent dans le coin. Pouvoir parler ma langue de temps en temps, c’est reposant, et puis je peux exprimer des choses qui ne sortent pas aussi bien en anglais.
En réalité, je pense que le problème vient du fait que je ne suis pas sure de ce que cela signifie, « être intégré ». L’Angleterre n’est pas assez loin de la France pour que j’aie besoin d’apprendre de nouvelles coutumes. Je parle anglais au quotidien, je conduis à gauche, je bois beaucoup trop de thé et je mange très tot. Le froid ne me dérange pas, et je supporte plutot bien les courtes journées d’hiver. Et puis je vis entourée d’anglais, que ce soit à l’université ou à l’école.
Bien sur, il y a des choses qui me dérangent, qui m’agacent, voire qui me mettent en colère, et, en bonne Française, j’aime bien râler. Mais cela n’est pas dû qu’à ma vie en Angleterre : je me plaignais tout autant de la fac, du temps, et de la bureaucratie en France. Et même si la mentalité anglaise, certes polie mais légèrement hypocrite, me déplaît par moment, il y a des personnes dont je n’aime pas la personnalité dans tous les pays.
Alors, est-ce que je me sens intégrée ici ? Je l’ignore. Mais je ne me sentirai pas forcément plus intégrée dans une ville francaise. Tout ce que je sais, c’est que je suis heureuse en Angleterre, que je m’y sens à ma place, et pour moi, c’est suffisant.
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