Nouveau week-end, nouveau voyage ! J’aime cette tradition naissante…
Cette fois, direction Lincoln, capitale du Lincolnshire, ville de très grande importance au Moyen-Âge où elle était la 3ème plus grande cité d’Angleterre, et encore aujourd’hui célèbre pour sa cathédrale, la 3ème plus grande du Royaume-Uni (décidément…).
Ce matin, de – relativement – bonne heure et un peu endormies, nous voilà donc prêtes pour 1h30 de train. Le temps semble incertain et les nuages qui cachent à demi le soleil laissent filtrer une lumière presque crépusculaire, qui éclaire joliment les paysages d’hiver.
Dès l’arrivée à Lincoln, la gare donne le ton de ce que nous allons trouver en ville : de beaux bâtiments anciens, beaucoup de pierres et de tourelles.
Forcément, un samedi, il y avait du monde ; nous suivons donc la foule à travers le centre moderne de la ville, essentiellement constitué de boutiques et de restaurants, mais d’où surgissait par moment une église, un portique… des traces du passé médiéval qui n’a jamais totalement disparu de Lincoln.
(Non, la photo n’est pas penchée, c’est la porte qui n’est pas droite)
Nous traversons le petit pont qui surplombe la rivière Witham, d’où nous apercevons la statue Empowerment, un des symboles de la ville.
Rapidement, nous nous rapprochons de notre destination : Steep Hill, littéralement « rue escarpée », une allée étroite qui relie le bas de la ville, moderne, au sommet de la colline qui domine Lincoln, où se tiennent la cathédrale et le château.
A son point le plus raide, Steep Hill a une pente de 14%, ce qui la rend inaccessible aux voitures, et oblige les piétons à mériter la vue de la cathédrale !
Mais c’est également une bonne excuse pour traîner un peu et faire du lèche-vitrine…
On monte, on monte… et puis soudain, nous arrivons au sommet, nous tournons la tête, et là…
Déjà, à cette distance, les tours de la cathédrale sont impressionnantes. Nous nous approchons davantage, passons sous un petit pont, et là, un seul mot me vient en tête :
WAOU
(oui, je sais, ce n’est pas un mot)
Imaginez. Vous êtes sous un petit pont-tunnel, vous ne voyez donc rien, et tout à coup, vous vous retrouvez juste devant 83m d’art gothique. Les passants devaient avoir la même impression au Moyen-Âge en surgissant des ruelles qui se terminaient à quelques mètres de Notre-Dame. C’est sidérant.
La cathédrale elle-même date de la fin du XIème, et elle est restée la plus grande d’Europe jusqu’au XVIème siècle. Au XIVème, une flèche recouverte de plomb lui permettait même d’atteindre 160m, faisant d’elle… le plus haut monument AU MONDE, devant les Pyramides d’Egypte. Tout simplement. Et elle n’a perdu ce statut que parce que sa flèche s’est effondrée deux siècles plus tard.
Pour information, il a fallu attendre la fin du XIXème pour qu’un bâtiment dépasse les 169m (et c’était la Tour Eiffel – cocorico). Ce qui veut dire que la cathédrale de Lincoln aurait théoriquement pu rester la plus grande construction du monde pendant cinq siècles. Si avec ça vous n’avez pas envie de venir la voir…
Malheureusement, il a fallu détacher nos yeux de la superbe façade, et nous avons entrepris de contourner la cathédrale pour nous rendre au château.
Il n’a peut-être pas l’air bien imposant comme ça, mais ce château est français ! Eh oui, en arrivant en Angleterre en 1066, notre Guillaume national s’est dit que Lincoln était une petite ville sympathique (je rapelle : 3ème ville du pays, très commerciale…) et que la protéger serait sans doute une bonne idée.
Et puis pour ne rien gâcher, c’est là qu’est conservé un exemplaire de la Magna Carta, document du XIIIème siècle ratifié par le Prince Jean (le frère de Richard Coeur de Lion), qui établit l’Habeas Corpus, ce texte qui a garanti aux Anglais le droit à la liberté individuelle. Puis qui, plus récemment, a sans doute inspiré la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Un des documents les plus importants de l’histoire politique d’Angleterre, voire du monde, donc.
En plus, il y avait une belle vue sur la cathédrale depuis la cour du château.
Petite surprise supplémentaire : nous sommes tombées tout à fait par hasard sur une statut de Tennyson, qui a vécu dans le comté au XIXème siècle. C’était la minute poétique de la journée, entre deux trouvailles historiques.
Après tant de découvertes, nous avions bien besoin d’une pause. Nous avons donc mangé dans notre premier restaurant indien depuis notre arrivée en Angleterre, expérience qui s’est révélée un peu étrange (le restaurant était vide quand nous sommes entrées et les serveurs étaient… bizarres) mais très bonne culinairement.
Puis nous sommes redescendues de notre colline et avons accordé un peu plus de temps à la partie moderne de la ville, avec ses halles et ses petites rues colorées.
Et finalement, nous nous sommes de nouveau retrouvées devant la gare, un peu avant le coucher du soleil – c’est-à-dire 15h30, vive l’Angleterre – pour reprendre le train. C’était certainement une des plus belles visites que j’ai faites depuis bientôt trois mois que je suis ici, et une des plus culturelles aussi.
A crown for Lincoln!
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